Page:Gazier - Mélanges de littérature et d’histoire, 1904.djvu/338

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langues anciennes, la rhétorique et la philosophie, l’enfant avait dû travailler chez ses parents ou à l’école, ne fût-ce que pour apprendre à lire ; et sans doute ses premiers maîtres lui avaient enseigné l’art de ne pas faire de fautes grossières en transcrivant ses modèles d’écriture. N’oublions pas qu’au siècle de Louis XIV la plupart des enfants, même à la campagne, même les filles, apprenaient d’abord à lire le latin, car l’idéal était de les mettre à même de servir la messe ou de chanter au lutrin. Les maîtres et maîtresses d’école n’en savaient guère plus long que leurs écoliers, et enfin les « maîtres écrivains » qui ne s’appelaient pas encore professeurs de calligraphie, ou même professeurs de belles lettres, étaient en général fort ignorants. L’un d’entre eux, beaucoup plus instruit que ses confrères, a publié à la fin du règne de Louis XIV les Éléments ou premières instructions de la jeunesse, et cet ouvrage du sieur de Blégny est si curieux que je crois bon de le faire connaître avec quelque détail. Les modèles d’écriture, gravés avec le plus grand soin, y tiennent naturellement la première place, et l’on peut en les étudiant apprendre la « bonne métode. » Mais notre maître écrivain ne s’en est pas tenu là ; il a voulu composer pour ses chers élèves un Traité d’ortografe et un Traité d’aritmétique facile. Le traité d’orthographe, le seul qui puisse nous occuper ici, se divise en deux parties distinctes : 1° Les règles de l’ortografe conformes au bon usage ; 2° Manière décrire correctement divers mots. Étienne de Blégny savait son monde, car il instruisait les enfants de la noblesse ; voyons donc, d’après son livre, comment on orthographiait chez ceux qui faisaient le bon usage. Nous apprenons ainsi qu’en 1712 il fallait écrire Avocat et non plus Advocat, Blé, Pié, Mui, et non Bled,