Page:Geffroy – Hermine Gilquin, 1907.djvu/28

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de la région. Autour de la ferme, et au loin, six cents arpents de terre représentaient leur fortune. On les enviait, mais en même temps que l’envie, la malice villageoise s’était donné cours, avait découvert le défaut, la tare de leur vie.

Comme beaucoup de campagnards, les Gilquin avaient un sobriquet : ils étaient, pour tous ceux qui vivaient à dix lieues à la ronde, le père et la mère La Guigne. Ainsi avaient-ils été surnommés de père en fils. Toute la famille semblait née sous une mauvaise étoile. On disait communément des Gilquin qu’ils payaient cher leur richesse. En dehors de cette richesse, la chance ne les avait jamais visités, et leurs gains des marchés et des foires ne pouvaient leur faire oublier les pièges et les catastrophes de la vie. Les malheurs de tous genres, les pires calamités, les avaient toujours assaillis. Des maladies, des accidents, des morts violentes, des incendies,