Page:Geffroy – Hermine Gilquin, 1907.djvu/31

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La petite fille, tard venue dans la vie de ses père et mère, était un objet délicat et précieux qu’il fallait sauvegarder, et qui avait lui-même l’instinct de se préserver des contacts hostiles, des rencontres dangereuses.

Toutefois, on eût dit que la nouvelle arrivée avait immédiatement deviné qu’elle était chez elle, parmi les allées et venues de la ferme, au milieu des êtres de tous genres qui peuplaient la cour et les étables.

À peine née, sur les bras de sa mère ou d’une servante, elle contemplait avec un plaisir visible, de ses yeux qui venaient d’éclore, les lourdes bêtes qui tournaient la tête vers elle en s’en allant aux champs de leur pas régulier et machinal. Plus tard, ses petites mains allaient d’un geste caressant vers les fronts durs des vaches et des chevaux, vers la laine des brebis, vers le poil rêche des chiens de troupeaux. Ceux-ci couraient autour d’elle lorsqu’elle était as-