Page:Geffroy – Hermine Gilquin, 1907.djvu/57

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Une gifle envoyée à toute volée lui meurtrit la figure, et désormais, pour le moindre prétexte, ce furent des cris, des insultes qui allaient jusqu’aux coups. Plusieurs fois, la femme battue et effrayée dut s’enfuir de chez elle, sa mère impuissante à la protéger, et se réfugier près des meules où elle passait la nuit.

Elle n’arrivait pas à juger ce qui lui arrivait : elle roulait mille projets confus dans sa tête, ne sachant à quel parti s’arrêter, songeant bien à s’enfuir n’importe dans quelle direction, vers une ville où les gens, peut-être, l’auraient protégée, vers la mer où il se trouverait sûrement un navire pour l’emporter au loin, dans un pays inconnu, qui aurait été pour elle le pays de l’oubli. La pensée de sa mère la retenait.

Elle passa ainsi, hors de chez elle, des heures sinistres. Ses vêtements furent traversés par la pluie. Elle avait peur de tous les bruits qu’elle entendait, cachée dans la