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entre deux sombres berges. Un coteau boisé, d’humbles maisons, une minuscule église, un pan de ciel bleu, des verts transparents aux feuilles, du vermillon aux toits, les saphirs du zénith réfléchis par l’onde, des transparences de verrières, la puissance du feu.

Et voici les bords du Loing, des saules, des peupliers, des matins beaux comme la jeunesse du monde, la rosée qui s’évapore en halo blond autour des cimes légères, l’ombre bleue d’un village, des barques sur le flanc au bord de la rivière, des bicoques belles de lumière comme des palais de légende, des clartés blanches et des clartés mauves, les feuilles argentées des saules qui palpitent sous une brise fraîche. Et voici le pont de Moret, le moulin, les trois peupliers tant de fois célébrés par Sisley.

Il peint le ciel de l’aube, la nuit qui règne encore, noire, sous les arches du pont, violette aux façades, aux feuillages engourdis. Bientôt le soleil va illuminer l’espace. C’est l’heure où l’on croit sentir le mouvement de la terre, et sa place dans le chœur des planètes.

Il peint un jour d’hiver, glacial et ensoleillé. La terre, le ciel, le canal, le squelette fin des arbres, tout est mauve, tirant sur le rose, l’air est doré. Trois chemins parallèles, développés en profondeur, conduisent au lointain bordé

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