Page:Geffroy - Sisley.djvu/27

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Il peint le pont de Moret, au matin, après la pluie. L’atmosphère est pure et fraîche, les masses des maisons et des arbres s’inscrivent nettes dans l’air pur, sans halo de brume ni de clarté solaire réverbérée. Le pont rustique de Moret déploie ses arches de chaque côté du moulin, en avant de maisons aux toits tutélaires, de constructions basses, villageoises, d’un bois touffu, des trois peupliers géants. Au ras de l’eau des roseaux qui se penchent. Un ciel calme, chargé de nimbes laiteux que pas un souffle ne pousse. La berge est verte, le pont et les maisons sont d’harmonie violette, plus près du rose que du bleu. Le Loing, clair, transparent, sans une ride, largement épandu, réfléchit les pierres et les verdures, les nuages et les roseaux. La rivière est profonde comme le ciel, elle a la même richesse de formes et de couleurs que le paysage qui s’y mire.

Combien de fois Sisley a-t-il représenté ce pont de Moret ! Il l’a maçonné de façon large et sommaire, d’un seul élan énergique. Quelle sûreté dans cette fougue, comme tout est bien à sa place, à son plan, dans sa lumière ! Sous quels ciels candides, nacrés, irisés de bleus et de roses, au-dessus de quelles eaux tranquilles ou bouillonnantes, s’arrondissent ses arches sombres, où

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