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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/243

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parfaitement posée, voulut me donner des leçons ; j’en pris tous les jours pendant huit mois, et je devins très-habile. Cet exercice, que j’aimois passionnément, fortifia beaucoup ma santé. Nous faisions souvent de très-longues chasses de sanglier. Un jour j’imaginai de me perdre exprès, dans l’espoir qu’il m’arriveroit quelque aventure extraordinaire ; je m’échappai à toutes jambes. J’avois un très-bon cheval à moi qu’on m’avoit donné, et que m’avoit choisi M. Bourgeois. Je m’enfonçai dans des routes détournées, ayant bien soin de tourner le dos à la chasse, et de fuir le bruit des chiens et des cors. Bientôt après j’eus la satisfaction de ne plus rien entendre et de me trouver dans des lieux tout-à-fait inconnus. Je poussois toujours mon cheval au galop ; ce que je désirois étoit de rencontrer un château que je n’eusse jamais vu, d’y trouver des habitans pleins d’esprit et de politesse me donnant l’hospitalité. Au bout de trois heures, courant toujours au hasard, cherchant vainement un château, je commençai à m’inquiéter, j’imaginai que j’étois au moins à douze lieues de Genlis ; j’avois faim, je ne voyois point de gîte, et je m’avisai tout à coup de