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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/247

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Le hasard, qui, dans le cours de ma vie, a fait passer sous mes yeux tant de scènes diverses et singulières, me fit voir dans ce temps un spectacle extraordinaire et bien effrayant. J’ai déjà dit que le château de Genlis étoit tout entouré d’étangs immenses ; nous avions une vieille voisine, la comtesse de Sorel, dont l’habitation étoit aussi environnée d’étangs, et son château étoit situé sur un terrain élevé, de manière que ses étangs dominoient sur les notres. La comtesse de Sorel n’ayant pas voulu par avarice, et malgré les représentations du marquis de Genlis, faire faire à ses étangs des réparations indispensables ; leurs eaux, grossies par les pluies, rompirent tout à coup leurs digues délabrées, et débordèrent dans nos étangs, qu’elles firent déborder aussi. MM. de Genlis étoient à la chasse, j’étois dans ce moment seule au château ; j’entendis des cris perçans et un grand mouvement dans toute la maison, j’ouvris ma fenêtre qui donnoit sur la cour ; quelle fut ma surprise en voyant cette immense cour totalement remplie d’eau, qui s’agitoit et faisoit du bruit comme si elle eût été bouillante ! elle étoit déjà à la moitié des hautes fenêtres du rez-de-chaussée. Le