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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/256

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les remercier. Je mangeai là des poires et des pêches excellentes. Peu de temps après notre retour à Genlis, mon beau-frère, à peine convalescent, partit pour Paris, et nous allâmes, M. de Genlis et moi, à Arras, où étoit le régiment des grenadiers de France. Le comte de Guines (depuis duc de Guines) y avoit une superbe maison qu’il me prêta. J’y restai trois semaines, je m’y amusai beaucoup ; on m’y donna de charmantes fêtes. Les officiers des grenadiers de France jouèrent pour moi la comédie sur le théâtre de la ville ; on me donna des bals parés et masqués. Un sous-lieutenant, M. de Saint-P***, que j’ai depuis rencontré dans le monde, étoit très-occupé de moi ; voulant profiter d’un bal masqué pour m’approcher librement, il imagina de se déguiser en muet ; il ne me quitta pas durant tout le bal, en ne me disant jamais que ha, ha, ha, en me montrant sa bouche pour me faire comprendre qu’il étoit muet. Je partis d’Arras à deux heures après minuit, pour sauver un déserteur qui devoit être fusillé le même jour à dix heures du matin. Le chevalier de Montchat, major des grenadiers de France, s’intéressoit vivement à cet infortuné ; il trouva le