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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/283

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me conta cette histoire, et je fis, pour les rosières, un mémoire que je donnai au prieur ; ce mémoire fut porté au conseil, et les rosières gagnèrent leur procès. Le mémoire étoit fait au nom du prieur ; il le présenta à la reine, qui s’intéressa vivement à cette affaire. En reconnoissance de tout ce que M. de Morfontaine avoit fait pour les rosières, je lui promis d’aller le voir à Soissons ; j’y allai, en effet, avec M. de Genlis ; nous y passâmes quinze jours à l’intendance, dans des fêtes continuelles. Je vis là, pour la première fois, Dorat, que je trouvai très-aimable, non parce qu’il fit, pour moi, des vers charmans, mais parce qu’en effet il avoit un ton et des manières fort agréables, et qu’il causoit bien, la chose du monde la plus rare parmi les beaux-esprits. M. de Morfontaine faisoit beaucoup de bien dans son intendance ; il avoit de l’esprit, des sentimens nobles, de la galanterie, de la magnificence ; il aimoit les arts, les talens, mais il avoit la manie de composer des vers, et le malheur de les faire toujours ridicules. C’est lui qui inspira ce couplet au chevalier de Boufllers :


Mon pauvre Morfontaine,
Dis à quelle fontaine