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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/289

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allâmes à deux lieues à la ronde de tous les côtés demander tout le lait des chaumières, en ordonnant de porter ce lait le lendemain de grand matin au château de Genlis. Dans les chaumières où nous avions la crainte d’être reconnues, nous attendions Jean à quelque distance ; nous entrions dans les autres. Nous prîmes un bain de lait, ce qui est la plus agréable chose du monde ; nous avions fait couvrir la surface du bain de feuilles de roses, et nous restâmes plus de deux heures dans ce charmant bain.

Je composai, dans ce temps, un roman que j’intitulai, les Dangers de la célébrité ; quatre ou cinq ans après, je perdis ce manuscrit : l’idée en étoit morale, mais, autant que je puis m’en souvenir, il étoit ennuyeux.

J’ai été très-heureuse à Genlis, surtout depuis le mariage de mon beau-frère ; mais mon mari avoit voulu absolument lui payer une petite pension, et je n’aurois pas été plus maîtresse dans mon propre château, grâce aux égards et à la délicatesse de mon beau-frère et de sa femme. Ma belle-sœur, dans un âge où naturellement on aime à faire la maîtresse de maison, n’avoit nullement cette manie ; elle vouloit, avec toute la grâce d’un excellent