Aller au contenu

Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

obtenir la préférence sur tous les jeunes villageois. M. de Genlis, en le voyant, sentit rallumer sa colère, et, sans préambule, il lui dit brusquement : « Vous êtes un coquin, je vous donne trois cents francs et une vache… » Ce singulier début nous donna une grande envie de rire ; le garde-chasse pâlit de surprise, de frayeur et de joie, et quand on lui eut expliqué la chose, et tout ce qu’on faisoit pour la petite fille, il parut être au comble du bonheur. Je n’ai rien vu de plus touchant que la reconnoissance et la joie de la pauvre petite fille. M. de Genlis les renvoya à Sissy pour y faire publier leurs bans, en fixant à trois semaines le jour de leur mariage, et promettant qu’il iroit avec moi à leur noce ; ce que nous fîmes en effet. Au jour indiqué, nous partîmes à cheval à la pointe du jour ; en arrivant à Sissy, nous fûmes reçus par une cavalcade qui vint au-devant de nous, et qui étoit composée des notables du village ; ils pensèrent me tuer en faisant tirer, pour me faire honneur, un coup de fusil beaucoup trop chargé, le coup me jeta à la renverse. Heureusement que le fusil ne creva pas. Je ne me blessai point, et cet accident ne m’empêcha pas de danser beaucoup à la