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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/348

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le maintien et les manières que nul acteur de profession ne peut avoir. M. de Vaudreuil étoit aussi un des bons acteurs de notre troupe ; sa figure étoit agréable, il contrefaisoit parfaitement Molé dans les rôles d’amoureux. M. de Vaudreuil étoit fort à la mode ; son esprit n’étoit pas étendu, mais il avoit un excellent ton. Madame d’Hénin disoit que les deux hommes qui savoient le mieux parler aux femmes, étoient Le Kain sur le théâtre, et M. de Vaudreuil dans le monde. Ce dernier avoit une quantité de petits talens très-médiocres, mais agréables dans la société. Il chantoit un peu, il dansoit assez bien, il paroissoit aimer tous les arts : quand ce ne seroit qu’une prétention, elle est toujours utile et noble. Il avoit de la douceur et de la politesse ; personne ne le craignoit, il étoit généralement aimé.

Le fameux comédien Grandval nous faisoit répéter nos rôles, il joua même avec nous. M. le duc d’Orléans jouoit fort rondement les rôles de paysans. Je vis là, à nos répétitions, Collé et Sédaine, qui n’étoient aimables ni l’un ni l’autre. Carmontel[1], lecteur de M. le

  1. Carmontel étoit extrêmement aimé du prince et de tout ce qui venoit à Villers-Cotterets ; il avoit l’esprit