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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/356

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dit qu’il la trouvoit charmante. « Eh bien, reprit ma tante, je vous la donne, je jouirai mieux de votre succès que du mien, d’ailleurs je ne veux point que l’on sache que je suis auteur. Lisez cette pièce comme si elle étoit de vous, et si on en est content, gardez-vous de me trahir, que l’on croie à jamais que vous en êtes l’auteur, et nous la jouerons pour dernier spectacle. » M. le duc d’Orléans fut touché aux larmes de cette générosité ; il ne vouloit pas en profiter, elle insista fortement, il y consentit. J’ai su par la suite tout ce détail de lui-même. M. le duc d’Orléans déclara donc qu’il avoit fait une comédie, ce qui ne causa pas un médiocre étonnement, que madame de Montesson eut l’air de partager, en persuadant à tout le monde qu’elle ne la connoissoit pas, et montrant naïvement beaucoup de crainte sur l’ouvrage. On se demandoit en secret comment M. le duc d’Orléans avoit pu faire une comédie, et l’on pensa généralement que Collé en avoit apparemment fait le plan et corrigé le langage. Personne n’eut l’apparence du soupçon sur le véritable auteur ; M. le duc d’Orléans annonça qu’il en feroit lecture. On indiqua le jour, et l’on y invita tous les hommes et toutes les femmes de la société