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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/390

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veloppé dans une fourrure imitant celle d’un chat, jouoit ce rôle ; nos danseurs ne se fâchèrent pas d’abord, et le repoussèrent assez doucement, ce qui enhardit le chat, qui parut décidé à ne pas nous laisser danser ; alors, malgré nos prières, nos danseurs lui donnèrent beaucoup de coups de pieds ; les spectateurs, qui vouloient voir le quadrille, prirent notre parti, on saisit le malheureux chat, et on l’emporta hors de la salle. Cette mauvaise plaisanterie gâta pour moi tout l’amusement de cette soirée, je craignois mortellement qu’elle n’eût des suites fâcheuses. Notre quadrille eut le plus grand succès, il fut applaudi à tout rompre ; j’en fus charmée, parce que cela remit nos danseurs de bonne humeur. Trois d’entre eux surtout, MM. de Boulainvilliers, de Belzunce, et de Saint-Julien, nos meilleurs danseurs, étoient outrés contre le chat ; j’avois beau leur dire qu’il avoit été assez mal traité pour n’y pas revenir, parce que chat échaudé craint jusqu’à l’eau froide, ils vouloient l’interroger pour connoître les auteurs de ce méchant tour. Nous les dissuadâmes de cette recherche. On sut quelques jours après que les inventeurs de cette malice étoient un jeune prince et ses