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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/392

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Mademoiselle Baillon étoit une charmante jeune personne, jolie, douce, modeste, sage, spirituelle, jouant du piano de la première force, composant à merveille, et avec une étonnante facilité ; elle a fait un opéra comique, Fleurd’Épine, qui fut joué avec succès ; il en auroit eu davantage si les paroles eussent été meilleures, mais le poëte avoit absolument gâté ce charmant conte d’Hamilton. Nos petites représentations, exécutées entre des paravents, finissoient toujours par une musique délicieuse, dont le fameux Cramer, qui passa cet hiver à Paris, étoit le premier violon, et le plus parfait que j’aie entendu, et Jarnovitz, le second ; Duport y jouoit du violoncelle, mademoiselle Baillon du piano ; moi j’y chantois et j’y jouois de la harpe ; Friseri, qui, quoique aveugle, jouoit de la mandoline d’une manière surprenante, y venoit aussi, ainsi qu’Albanèze, le chanteur italien. Nos acteurs de proverbes et de comédies étoient le comte d’Albaret, Coqueley, le président de Périgny (ce qu’il y avoit de plus célèbre en hommes pour les proverbes) ; en femmes, madame la marquise de Ronçay, mademoiselle Baillon et moi. Nous avions pour spectateurs une quinzaine