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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/41

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de la Loire aussi rians, les prairies de Saint-Aubin aussi remplies de violettes et de muguets, et ses bois plus élevés et plus beaux ! Il n’y a point de vicissitudes pour les beautés immuables de la nature tandis que dans les révolutions sanglantes, les palais, les colonnes de marbre, les statues de bronze, les villes même disparoissent en un instant, la simple fleur des champs, bravant tous ces orages, croit, brille et se multiplie toujours.

Le château de Saint-Aubin ressembloit à ceux qu’a dépeints depuis madame Radcliff. Il étoit antique et délabré, il avoit de vieilles tours, des cours immenses, dans l’une desquelles étoit un canal bordé d’ébéniers, arbre très-rare alors. On nourrissoit de belles carpes dans cette pièce d’eau. À deux pas de la Loire, on avoit eu la maladresse de bâtir le château de manière que d’aucune fenêtre on n’apercevoit cette belle rivière. On me logea au rez-de-chaussée dans une tour formant une petite chambre humide qui donnoit sur une terrasse, au bas de laquelle étoit un vaste étang[1]. Ma

  1. Cette petite tour, où je couchois, est la seule chose qu’on ait conservée de l’ancien bâtiment. Les habitans du pays se sont souvenus et ont dit que cette tour, dans