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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/81

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scandalisé de cette innovation. Au reste j’y ai gagné d’avoir eu, dans ma jeunesse, les pieds mieux tournés, de mieux marcher que les autres femmes en général, et surtout d’être plus agile qu’aucune que j’aie connue. Je menois une vie qui me charmoit : les matins je jouois un peu du clavecin, et je chantois ; ensuite j’apprenois mes rôles, et puis je prenois ma leçon de danse, et je tirois des armes. Après cela je lisois jusqu’au dîner avec mademoiselle de Mars. Une de nos voisines lui avoit prêté le roman de la Reine de Navarre, de mademoiselle de La Force[1], que nous dévorions ; nous le relûmes deux fois. Je l’ai relu vingt ans après avec un grand plaisir, et j’ai toujours conservé un goût particulier pour ce roman. Le souvenir du plaisir qu’il m’a fait,

  1. Charlotte-Rose de Nompart de Caumont de La Force mourut en 1724, à l’âge de 74 ans. Ses compositions, dont le fond repose sur des faits véritables, ont dû donner à Walter Scott, et aux écrivains de notre âge, l’idée des romans historiques : elle écrivoit bien en vers. Ses principaux ouvrages sont une Histoire secrète de Bourgogne, en deux volumes ; l’Histoire de Marguerite de Valois, etc., en quatre volumes, et les Mémoires historiques de la duchesse de Bar, sœur de Henri IV.
    (Note de l’éditeur.)