Aller au contenu

Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mille livres de rente. Le lendemain matin Monsigny vint chez moi, il me remit un billet de M. le duc d’Orléans, qui seulement m’exhortoit à croire entièrement tout ce qui me seroit dit de sa part, et à faire avec zèle tout ce qu’il attendoit de mon attachement pour lui, et que je devois à sa sincère et vive amitié. Il finissoit en me demandant ma réponse par écrit, que lui porteroit Monsigny partant pour Villers-Cotterets trois jours après lui. Alors Monsigny me conta tout. Ce récit, c’est-à-dire la proposition de ce marché me blessa, me choqua, me parut une platitude de la part de M. le duc d’Orléans, et un outrage pour moi, et le temps n’a point changé mon opinion à cet égard ; mais j’étois en colère et ma réponse ne s’en ressentit que trop. Tous mes premiers mouvemens et mes sentimens ont toujours été généreux et bons, mais la vivacité de mes impressions et de mon imagination m’a toujours fait mêler à tout ce que j’ai fait de mieux, quelque chose d’exalté, d’outré, et quelquefois d’extravagant, qui en a diminué le prix et qui m’a été et a dû m’être excessivement nuisible. Quand la seule grandeur d’âme décide à faire une belle action, on se conduit avec calme et simplicité ; quand la