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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/144

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rante mille livres de rentes, j’aurois refusé tous les dons immenses de M. le duc d’Orléans, deux cent mille livres de rentes, et en outre une maison somptueuse bâtie pour elle à la Chaussée-d’Antin ; des diamans, une argenterie magnifique, etc. Madame de Maintenon n’avoit rien accepté de Louis XIV : ma tante avoit d’autres sentimens, elle étoit à l’excès avare et fastueuse, et j’étois si indignée de son luxe et de son avidité, que cette indignation contribua beaucoup à me faire écrire une lettre d’un ton aussi arrogant. Je me promis de bonne foi de ne pas me faire un mérite auprès de M. le duc de Chartres de cette lettre qui me parut sublime, et je tins fidèlement cette résolution : j’y eus peu de mérite, il aimoit si peu que l’on cherchât à se faire valoir et que l’on ne fit pas les choses de conscience et de sentiment, que j’aurois perdu de son estime si je me fusse vantée à lui de cette action, qu’il étoit d’ailleurs de mon devoir de lui cacher pour ne pas l’aigrir davantage contre son père. Ainsi il n’en a jamais eu le moindre soupçon. Mais, désirant avoir un témoin respectable de ce procédé, je montrai cette lettre à madame la duchesse de Chartres, en lui faisant donner