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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/154

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son ami la Boetie, je l’aime parce que je l’aime, parce que c’est lui, et que c’est moi. Le maréchal, dans d’autres termes, faisoit exactement la même définition de son attachement passionné pour le roi. C’étoit une chose plaisante, même alors, de l’entendre parler des républiques ; il regardoit les républicains comme des espèces de barbares. Il avoit d’ailleurs beaucoup de bon sens, une droiture et une loyauté de caractère qui se peignoient sur sa belle physionomie, il avoit montré à la guerre la plus brillante valeur, il étoit adoré des gardes françoises, dont il étoit colonel.

Un jour que l’on faisoit devant lui l’énumération des maréchaux de France de son nom : « Vous en nommez un de trop, dit-il ; on ne doit pas compter celui qui fut infidèle à son roi. » Enfin il aimoit les jeunes personnes, il avoit avec elles une galanterie chevaleresque qui donnoit une idée de celle de la cour de Louis XIV, dont il avoit alors vu, dans sa première jeunesse, les derniers momens. Il respectoit le maréchal de Balincour, qui pouvoit en conserver un plus long souvenir ; il envioit sa vieillesse ; et, en parlant de lui, il disoit avec admiration : Il avoit trente ans à la mort du feu roi !