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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/223

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usages ; leur suffrage étoit le succès le plus désirable pour ceux qui débutoient dans le monde ; enfin, contemporains de tant de grands hommes en tout genre, ces vénérables personnages sembloient placés dans la société pour maintenir les idées d’urbanité, de gloire, de patriotisme, ou du moins pour y suspendre une triste décadence ! Mais bientôt l’expression de ces sentimens ne fut presque plus qu’un noble langage, qu’une simple théorie de procédés généreux et délicats ; on ne tenoit plus à la vertu que par un reste de bon goût, qui en faisoit aimer encore le ton et l’apparence. Chacun, pour cacher sa manière de penser, devint plus rigide sur les bienséances ; on raffina, dans la conversation, sur la délicatesse, sur la grandeur d’âme, sur les devoirs de l’amitié ; on créa même des vertus chimériques ; rien ne coûtoit en ce genre ; l’heureux accord entre les discours et la conduite n’existoit plus mais l’hypocrisie se décèle par l’exagération ; elle ne sait où s’arrêter ; la fausse sensibilité n’a point de nuances ; elle n’emploie jamais, pour se peindre, que les plus fortes couleurs, et toujours elle les prodigue ridiculement. Il s’établit dans la société