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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/251

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continua donc à m’écrire, et comme il n’y avoit plus dans ses lettres ce compte rendu d’espionnage, qui m’avoit tant divertie, je n’y trouvai plus que les phrases boursoufflées d’un mauvais roman, et je n’en lisois plus la moitié. Au printemps, je fus débarrassée de lui ; j’allai passer six semaines à l’Île-Adam, où il n’étoit point invité. Je revins à Paris, où je le retrouvai chez sa belle-sœur, et toujours aussi empressé, aussi passionné pour moi. Nos soupers des dimanches et des mardis recommencèrent. Un soir, dans la conversation générale, on parla de quelques jeunes gens de la cour, qui étoient partis, sans permission, pour aller en Corse, faire la guerre en qualité de simples volontaires. Tout le monde les blâma, et quoique je n’eusse aucune espèce de liaison avec eux, je les défendis de la manière la plus véhémente ; je fis leur éloge ; j’ajoutai que ces actions avoient quelque chose de chevaleresque qui devoit plaire à toutes les femmes. La soirée finie, le vicomte me donna la main pour me conduire à ma voiture ; aussitôt que nous fûmes sur le haut de l’escalier, « Madame, me dit-il, avez-vous quelques ordres à me donner pour la Corse ?