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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/254

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cité de cette jeune personne, s’étoit bien douté qu’elle me confieroit ce grand secret, et qu’en même temps elle se garderoit bien d’en parler à madame de Custines, dont elle redoutoit extrêmement l’austérité.

Le vicomte, comme je l’ai déjà dit, resta un an en Corse, et s’y conduisit de la manière la plus brillante. Je le revis, ainsi que je l’ai conté, au bal masqué de Versailles. Maintenant je vais reprendre la suite de son histoire. Depuis mon entrée au Palais-Royal, il ne me parloit plus de ses anciens sentimens ; je lui montrois, sinon de la confiance, qu’il n’a jamais pu m’inspirer, du moins un intérêt fort sincère. Un soir je lui témoignai une grande inquiétude sur madame de Mérode, qui, dans sa dernière lettre de Bruxelles, m’avoit mandé qu’elle étoit fort mécontente de sa santé ; et, comme deux courriers s’étoient écoulés depuis cette lettre, je craignois véritablement qu’elle ne fût tombée tout-à-fait malade. Le vicomte m’écouta sans me répondre, et sortit précipitamment. Le surlendemain, à midi, il entra inopinément dans mon cabinet, il étoit botté, tenoit un fouet d’une main, et de l’autre un billet. Je le regardai avec éton-