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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/292

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ment le goût de l’étude et la vanité de me distinguer qui me firent prendre cette résolution.

Je vis, dans cette année, le comte de Béniouski[1], très-fameux par son exil en Sibérie, et la manière dont il se sauva, mettant dans sa confidence quarante de ses compagnons, en persuadant à chacun en particulier qu’il étoit son seul confident, de manière que le secret fut parfaitement gardé, chacun s’en croyant l’unique dépositaire. Il me conta toutes ses aventures, qui ont fourni le sujet d’un drame qui eut beaucoup de succès en Alle-

  1. Beniouski s’étoit échappé du Kamtschatka, au mois de mai 1771 : il vint en France en 1772, après avoir abordé au Japon, à l’île Formose, et à Macao en Chine. Les aventures de ce magnat des royaumes de Hongrie et de Pologne sont si nombreuses qu’il est permis d’en révoquer en doute une bonne partie. Le nombre de celles dont l’authenticité semble incontestable, est encore assez grand. Le caractère en est assez bizarre pour mériter à Beniouski l’honneur qu’on lui a fait de le prendre pour le héros de plusieurs romans et de plusieurs pièces de théâtre. Né dans le comté de Nitria, en Hongrie, il fut tué à Madagascar, le 23 mai 1784, dans un combat qu’il soutint contre des soldats françois.
    (Note de l’éditeur.)