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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/403

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du Palais-Royal, je chargeai le garçon d’appartemens, qui la montroit aux étrangers, de m’avertir quand il viendroit ; ce qu’il fit en effet. Il étoit midi, je descendis aussitôt, et je trouvai l’empereur dans la galerie ; il étoit à quinze ou vingt pas de moi, je traversai lentement la galerie. Mon intention étoit de m’en aller par la petite porte qui étoit au bout. L’empereur questionna tout bas le garçon d’appartemens ; et, en apprenant que j’étois une des dames de madame la duchesse de Chartres, il vint tout de suite à moi, et avec la politesse la plus aimable il entra en conversation ; je lui expliquai tous les tableaux dont je connoissois non-seulement les peintres,

    un peu trop longues, et quelque exagération dans les éloges. Il concourut encore pour l’éloge du chancelier de L’Hôpital ; mais son discours fut écarté, parce qu’il étoit d’une excessive longueur. Cependant on y reconnut plus de fini, d’énergie et de mouvement que dans celui de l’abbé Rémi, dont le style avoit plus d’harmonie, d’élégance, de pureté, et qui obtint le prix. Condorcet avoit autant de talent pour la bonne plaisanterie que pour les hautes sciences. Il se livra aussi à la politique, mais elle lui devint funeste ; on sait quelle fut sa fin tragique en 1794. Il étoit né le 17 septembre 1743.

    (Note de l’éditeur.)