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Page:Genlis - Memoires inedits t1.djvu/10

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des mémoires, qu’on eût craint de publier durant sa vie, c’est rendre suspecte leur véracité, et c’est en quelque sorte profaner l’asile inaccessible et sacré de la tombe ; faite pour être le dernier refuge de l’innocence opprimée, elle ne doit pas l’être de la pusillanimité des écrivains, quels qu’ils soient, qui n’osent mettre au jour leur histoire, que lorsqu’ils sont renfermés dans son sein. La pierre sépulcrale est muette. Puisqu’on ne peut l’interroger, elle ne doit retentir que pour être l’écho touchant des vœux de la religion et des regrets de l’amitié. L’authenticité des mémoires (surtout dans les temps de troubles et de factions) n’est incontestable à tous les yeux, que lorsque l’auteur se décide à voir paraître de son vivant ces récits contemporains ; alors même que les écrits posthumes sont parfaitement exacts et fidèles, le public peut toujours croire qu’ils sont falsifiés.