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Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 3, 1802.pdf/124

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LA FEMME

malheur les restes flétris de leur existence. Si le désespoir abrège leurs jours, s’ils périssent en prison, serez-vous sans regrets, sans remords ?… Eh quoi ! pour faire une bonne action, avez-vous besoin de conseils ? ne consultez que l’humanité. — Mais si l’amitié vous abuse sur cet ouvrage, s’il est médiocre… — Je vous garantis son succès. — Mais s’il tomboit. — Le motif qui vous l’aura fait publier vous consolera de la chute.

Natalie n’avoit jamais d’esprit quand il s’agissoit de combattre une proposition généreuse, quelqu’imprudente qu’elle fût ; on étoit toujours sûr avec elle d’avoir raison lorsqu’on s’adressoit à son cœur ; l’émouvoir et la toucher, c’étoit la convaincre. Enfin, lui dit Bréval, si vous consentez à ce que je propose, nos pauvres prisonniers, qui sont maintenant dans l’abattement de la plus profonde douleur, pourroient être, dans quelques minutes, ranimés et consolés ; deux lignes de vous leur rendroient l’espérance et le bonheur… Je ne résiste plus, s’écria Natalie, et courons nous-mêmes, mon