votre ame un double remords, j’ai voulu vous épargner un souvenir douloureux, j’ai voulu obtenir de vous une marque de confiance que vous deviez à mon caractère, à ma conduite, à mes sentimens ; vous m’avez méconnue, vous m’avez outragée, vous avez rompu tous les liens qui nous unissoient. À ces mots, Natalie ne put retenir ses larmes ; il eût été bien facile à Germeuil d’obtenir sa grace dans ce moment, mais il montra plus de confusion que de sensibilité, son amour-propre souffroit beaucoup plus que son cœur, il ne dit rien de ce qu’il devoit dire : les pleurs de Natalie se séchèrent, ils se quittèrent brouillés sans retour. Cependant Germeuil, le lendemain et les jours suivans, fit tout ce qu’il falloit faire pour donner à Natalie l’air de l’inflexibilité aux yeux des indifférent ; mais il ne fit rien pour regagner véritablement un cœur si profondément blessé. Les simples spectateurs sont toujours de mauvais juges des querelles de sentimens, car ils donnent raison à celui qui se possède assez pour ne pas manquer à aucune