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LA PRINCESSE

immobile, la regardoit fixement ; seulement, aux révérences de la princesse des Ursins, la reine rendit les inclinations d’usage, mais sans quitter sa place, et en conservant toujours sa gravité sévère. Madame des Ursins, avec toute l’émotion que peuvent inspirer une surprise inexprimable, le dépit et la colère, s’avance toujours en chancelant, ôte son gant, et d’une main tremblante, présente à la reine la lettre du roi, en balbutiant quelques mots inintelligibles. Alors la reine, rompant enfin le silence : Avant tout, madame, dit-elle, j’ai une explication à vous demander ; on dit que vous prétendez avoir reçu une lettre de moi, et je déclare que je ne vous ai jamais écrit. À cet effrayant début, madame des Ursins pâlit, rougit, et rassemblant toutes ses forces : Si votre majesté, répondit-elle, ne m’a pas fait l’honneur de m’écrire, l’abbé d’Alberoni est un imposteur… Il ne s’agit point d’Alberoni, interrompit la reine : il est question d’un fait qui peut s’éclaircir en deux mots. Avez-vous dit, madame, que vous