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L’AMANT

la jeunesse, une première entrevue, accompagnée de circonstances intéressantes et extraordinaires, ne fasse pas naître l’amour, quand les deux personnes sont également remarquables par leurs agrémens extérieurs. Rosenthall étoit jeune et beau, Léontine s’apperçut de l’impression qu’elle faisoit sur lui, et lorsque la conversation devint générale, il fut le premier auquel elle adressa directement la parole ; il sentit vivement cette distinction : on sait si bien apprécier ce qui touche le cœur ! Léontine resta plus de trois heures dans la prison ; et en s’en allant, elle promit à son père de revenir le lendemain à midi. Rosenthall fit, le soir même, une heureuse découverte. Darmond desiroit jouer aux échecs, et ne trouvoit personne pour faire sa partie. Le comte s’offrit avec empressement, et fut accepté avec reconnoissance. Le jeu fini, les deux prisonniers se questionnèrent mutuellement sur les causes de leur détention, et tous les deux étoient, à cet égard, de la même ignorance. Vous avez des amis, dit le comte, qui sans doute