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L’AMANT

cours, l’embarras et les pleurs de Rosenthall pouvoient-ils laisser le moindre doute sur le secret qu’il avoit refusé de confier ? Cependant Melcy n’avoit pas montré la plus légère surprise ; son air, son maintien, ses discours et sa conduite annonçoient une parfaite sécurité et une ignorance entière des sentimens de Rosenthall ; sans doute qu’il comptoit tellement sur le cœur de Léontine, que non-seulement il étoit inaccessible à la jalousie, mais qu’il n’admettoit même pas la possibilité qu’un homme raisonnable pût devenir amoureux d’elle. Léontine paroissoit encore plus inexplicable à Rosenthall ; des regards en amour trompent moins que des discours, et s’expliquent aussi clairement ; et ceux de Léontine étoient si tendres, si expressifs ! elle avoit tant d’esprit et de finesse ! elle avoit si bien l’air de comprendre Rosenthall ! elle paroissoit d’ailleurs si éloignée de toute espèce de coquetterie ! enfin Rosenthall l’avoit vue rougir, pâlir et s’attendrir ; mais, d’un autre côté, elle montroit toujours les mêmes sentimens