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DÉROUTÉ.

son cabinet pour répondre à un billet qu’il venoit de recevoir, et Rosenthall se trouva seul dans le salon avec Léontine. Son premier mouvement fut de fuir ; Léontine l’appela, il revint, et, d’un air glacial, il lui demanda quel ordre elle avoit à lui donner ? Plusieurs, répondit en riant Léontine, et, premièrement, celui de vous asseoir là, et elle montroit un fauteuil à côté d’elle. Rosenthall s’assit. « Vous viendrez à Taverny ? lui dit-elle. — Non, mademoiselle. — Bon, ce refus est une plaisanterie ? — Je suis, en effet, si plaisant ! J’ai une telle gaîté, et tant de sujets d’en avoir ! — Mais vous m’aviez dit que vous aimiez la danse ? — Ce goût m’a passé. Je hais les bals, les fêtes, la société. — C’est dommage. Cependant vous viendrez à Taverny. — Juste ciel ! s’écria Rosenthall avec véhémence, pouvez-vous me proposer une partie de bal, quand je pars dans cinq à six jours, quand je pars pour jamais !… En disant ces mots, il se lève impétueusement pour sortir ; il s’élance vers la porte. Rosenthall !… dit Léontine d’une