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DÉROUTÉ.

de mon oncle ; j’ajoutai qu’il falloit cacher notre mariage, s’il étoit possible, jusqu’au retour de mon oncle, ou du moins jusqu’à ce que j’eusse mûrement réfléchi aux moyens de le préparer à cet événement. Bathilde conçut mes raisons, et promit de se soumettre à tout ce que j’exigeois. Nous partîmes séparément, nous arrivâmes en même temps à Paris, et Bathilde, sous son nom de fille, fut se loger dans un fauxbourg écarté, chez une vieille femme qui la prit en pension. Je revis Léontine ; son accueil fut celui de l’innocence et de l’amitié, il me toucha sans m’embarrasser ; mais Darmond me reçut comme un gendre, et le remords le plus pressant déchira mon cœur !… Enfin, j’ouvris ce cœur profondément affligé à la généreuse Léontine : comment dépeindrai-je la sensibilité sublime qu’elle me montra ! « Cher Melcy, me dit-elle, cette intéressante Bathilde devient ma sœur ; je ne sais quel sentiment j’aurois pu prendre pour vous, si vous ne l’eussiez point connue, mais je n’éprouve encore que celui qui fit le charme de notre