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LE BONHOMME.

son gré par la flatterie la plus artificieuse, trouvoit le moyen de lui persuader qu’il avoit au fond de la passion pour elle, et qu’il n’épousoit la nièce que pour s’attacher à la tante. En même temps, pour se mettre à l’abri d’une déclaration, il montroit une vive reconnoissance des sentimens d’Isaure ; il paroissoit persuadé que madame de Béville aimoit passionnément cette jeune personne ; il louoit à l’excès sa sensibilité à cet égard, et madame de Béville, charmée de jouer le beau rôle d’une généreuse bienfaitrice, se consoloit, par l’amour-propre, du sacrifice de son penchant. Cependant, comme le baron de Risdale l’avoit annoncé, il arriva dans les premiers jours de juillet. Isaure, malgré ses craintes, éprouva la joie la plus vive et l’attendrissement le plus vrai en revoyant son père. Le baron la serra dans ses bras avec transport ; il la trouva embellie, et il ne pouvoit se lasser de la regarder. Après les premières effusions de la tendresse, se tournant vers madame de Béville : « Que de remercîmens je vous dois, ma