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LE JOURNALISTE.

suite, elle se retourna vers Mirval, et avec beaucoup de graces, elle lui fit des excuses de sa vivacité. Madame de Saint-Firmin survint, et l’on parla d’autre chose.

Mirval fit d’inquiétantes réflexions sur l’excessive indulgence de Célestine pour Clainville. Quoi ! se disoit-il, ce qui étoit un crime irrémissible pour moi, n’est même pas une faute pour Clainville ! Que dis-je ! cet extrait qui paroissoit à Célestine, l’ouvrage d’un esprit faux et d’un mauvais cœur, n’est plus à ses yeux qu’un badinage ingénieux, dès que Clainville s’en déclare l’auteur ! Elle sourioit en lui parlant, et elle sourioit avec tant de douceur et de sentiment !… Elle l’aime sans le savoir peut-être, mais elle l’aime !… Clainville, sans état et sans fortune, est trop sage et trop honnête, pour prétendre à la main d’une jeune personne dont l’âge est d’ailleurs si disproportionné au sien ; en profitant du penchant de Célestine, il croiroit sans doute abuser de l’ascendant qu’il a sur elle, et de la confiance de madame de Saint-Firmin ; il veut,