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LE BONHOMME.

la reconnoissance et de l’amitié. Daignez me guider à cet égard ; je ferai tout ce que vous me prescrirez, d’autant plus que je crains mortellement la violence et les emportemens du chevalier. — Rassurez-vous, reprit madame de Béville avec un sourire dédaigneux, le chevalier vous préféroit aux plus grands partis de la cour, mais il n’a point de passion pour vous ; il n’a été décidé que par son attachement pour moi, et les sentimens qu’il vous supposoit. — Vous me charmez, ma tante, reprit Isaure ; c’est assurément tout ce que je pouvois désirer. — Oui, dit madame de Béville, il éprouvera beaucoup d’étonnement, ce qui est assez simple ; mais d’ail­leurs il sera fort calme, soyez-en sûre. Avez-vous parlé à votre père ? — Non, ma tante. — Eh bien ! ne vous pressez point de l’instruire ; accordez-moi seulement quinze jours, je vous promets qu’au bout de ce temps vous serez libre, sans éclat et sans scènes. Cette assurance enchanta Isaure ; elle baisa mille fois les mains de sa tante, en la remerciant et en lui demandant pardon avec autant de sen-