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LE BONHOMME.

préférence pour moi, n’auroit plus l’air que d’une vengeance : je veux vous obtenir d’une manière plus digne de vous, et plus flatteuse pour moi. Ainsi, contentez-vous de montrer avec fermeté, dès ce soir, vos vrais sentimens, ou bien, autorisez-moi à parler de votre part à M. de Risdale… — Non, monsieur, dit enfin Isaure, toutes vos démarches auprès de mon père seroient inutiles ; votre alliance l’honoreroit sans doute, mais elle me sépareroit de lui ; j’ai ouvert les yeux sur mes devoirs, et j’ai promis à mon père de ne le point quitter. — Et vos engagemens avec moi… — Je n’en ai pu former sans l’aveu de mon père. — Ainsi donc, vous me préférez un provincial ridicule, sans principes et sans mœurs ? — La volonté de mon père réglera la mienne, qui ne peut que m’égarer sans ses conseils. En disant ces mots, Isaure quitta le chevalier qu’elle laissa pétrifié d’étonnement. Quoiqu’il sût bien qu’elle ne l’avoit jamais aimé, et qu’il eût remarqué son inclination pour M. de Férioles, il n’avoit pas imaginé, depuis la scène des