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LE BONHOMME.

de madame de Béville ; la scène fut très-bien jouée : le dénouement se devine. Le chevalier se vengea d’Isaure en la privant d’un riche héritage ; il reçut les sermens de madame de Béville, et il fut décidé qu’il l’épouseroit sous huit jours. Il partit le soir même, afin d’aller demander l’agrément du roi, et de tout préparer pour cette union si brusquement formée. Madame de Béville triomphante, se livra à tout l’enivrement d’une joie immodérée. En se regardant le soir dans son miroir, il lui sembla qu’elle avoit quinze ans de moins ; on la préféroit à la jeune et charmante Isaure : le beau d’Osambry mouroit d’amour pour elle. Que diroit-on à Paris, quelle surprise et quelle jalousie pour toutes les femmes de trente-huit ans ! enfin, elle alloit peut-être à la cour, elle alloit mettre un grand habit !… elle auroit un tabouret chez la reine !… avec son esprit et son adresse, elle parviendroit facilement à devenir favorite !… Toutes ces idées délicieuses l’occupèrent toute la nuit. Le lendemain, elle passa quatre heures à sa toilette ; elle re-