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Mlle DE CLERMONT.

toute entière, l’avenir ne pouvoit l’inquiéter, elle n’y voyoit que son amant fidèle jusqu’au tombeau ;… Des obstacles, en existoit-il ? qu’avoit-elle à craindre, elle étoit sûre d’être aimée…

Cependant, M. de Melun, un peu rendu à lui-même, fut épouvanté de sa foiblesse ; il avoit trente ans, il étoit l’ami de M. le Duc, dont il possédoit toute la confiance, auquel il avoit les plus grandes obligations, et il venoit de déclarer une passion extravagante à sa sœur, à une princesse du sang, jeune, sans expérience ;… il savoit que M. le Duc s’occupoit dans ce moment d’une négociation, dont le but étoit le mariage de mademoiselle de Clermont avec une tête couronnée… Dans sa situation, profiter de ses sentimens, achever de la séduire, c’étoit bouleverser sa destinée, c’étoit la perdre et manquer à tous les devoirs de la reconnoissance et de la probité. Il n’hésita pas à sacrifier sa passion à son devoir ; mais comment se conduire après son imprudence de la veille, après avoir fait la déclaration la plus formelle !… Le résultat de ces ré-