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LA FEMME

n’aurois nullement de mes ouvrages une telle idée. — Qu’importe, on vous la supposeroit ; on en auroit le droit. On pardonne aux hommes cette présomption, mais comment la tolérer dans une femme ?… — Faut-il donc conclure que c’est un malheur d’être femme ? — Le pensez-vous ? — Oh ! non…

Le ciel a fait pour moi le choix que j’aurois fait[1].

Quand je songe aux fatigues et aux périls de la guerre, aux profondeurs de la politique, à l’ennui des affaires, je bénis la providence qui ne nous a formées que pour être la consolation ou la récompense de ces terribles agitations et de ces grands travaux. — Je pense comme vous. La condition des femmes est, ainsi que toutes les autres, heureuse quand on a les vertus qu’elle demande ; malheureuse, quand on se livre aux passions violentes, à l’amour qui nous égare, à l’ambition qui nous rend intrigantes, à l’orgueil qui nous corrompt et nous dénature. L’homme

  1. Lachaussée