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Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 4, 1806.djvu/419

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sur ses traces ; il étoit près de l’atteindre, lorsqu’il la vit s’arrêter et monter dans une voiture. Le cooher et le domestique, qui ouvrit la portière, étoient vêtus de gris. La voiture s’éloigna, et Dalidor bientôt la perdit de vue. Cette idée le poursuivit pendant quinze jours, et le rendit inquiet et rêveur ; il retourna durant tout ce temps sur ce même boulevard, donnant toujours l’aumône à l’aveugle ; mais l’inconnue ne revint plus, et il tâcha de s’en consoler, en se disant : « À quoi me serviroit de la connoître ? je ne m’attacherai jamais véritablement qu’à la personne qui aura reçu l’éducation la plus brillante ; celle qui va acheter des herbes, et dont toutes les manières annoncent une simplicité rustique, n’est sûrement pas la femme qui me convient ».

Malgré cette réflexion, Dalidor fut longtemps préservé de l’amour, par le souvenir de l’inconnue ; il ne trouvoit à aucune autre femme sa beauté touchante et sa grace ingénue.

Dalidor, ne pouvant se résoudre à retourner à sa garnison, et desirant se dis-