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Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 4, 1806.djvu/431

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losophe ou d’un héros. Un bon joueur d’instrument étoit pour elle un grand homme ; elle s’extasioit sur la sagesse, la pureté et la profonde sensibilité de son jeu ; tout ce qu’on peut trouver de touchant et de moral dans le livre le plus parfait, elle le trouvoit dans un rondeau ou dans une sonate. Bientôt Dalidor fut fatigué d’une conversation qui rouloit toujours sur le même sujet ; bientôt même il s’ennuya d’une musique éternelle, dont il savoit par cœur tous les plus beaux morceaux. Quand il vouloit causer, on jouoit de la harpe ou de la lyre ; quand il vouloit s’aller promener, on refusoit de l’accompagner, parce qu’on apprenoit une pièce nouvelle. Un instrument très-bruyant se trouvoit toujours en tiers entre Ambroisine et lui, et il finit par penser qu’on est plus heureux avec une femme qui ne sait que broder, puisqu’au moins un métier n’empêche ni d’écouter ni de répondre.

Ambroisine vouloit briller d’un nouvel éclat durant l’hiver qui s’approchoit, et elle s’y préparoit avec une ardeur que rien ne pouvoit ralentir.