Page:Genlis - Théâtre de société, Tome 1, 1781.djvu/300

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Le Vicomte.

Cet amant caché qui vous adore vous a bien prouvé sa passion : & cependant votre ame insensible n’en est point attendrie. Ah ! si vous lui ravissez tout espoir, je n’en dois plus conserver.

Léontine.

Ne parlons pas de moi ; je ne suis occupée que de vous. Achevez, mon cher Vicomte, une confidence qui m’intéresse plus que je puis vous l’exprimer. Quels sont donc les obstacles qui s’opposent à votre bonheur ! L’objet que vous aimez sans doute est libre : mais sa naissance, son état peut-être…

Le Vicomte.

Non, Madame, à tous égards, le choix de mon cœur pourroit encore être celui de la raison. Ah ! que n’est-elle née dans un état obscur ! Qu’il m’eût été doux de lui sacrifier de vains préjugés, de mettre à ses pieds une fortune qu’un tel usage auroit pu seul me rendre précieuse ! mais je ne puis jouir d’une félicité si chère. Le sort a tout fait pour elle, & l’amour