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SAINT IRÉNÉE.

qui n’est jamais en repos, et qui voudrait que toutes les nations fussent comme lui. Telles sont les raisons pour lesquelles les princes, qui exigent de nous le tribut, sont les ministres de Dieu, et remplissent une mission divine.

Les puissances qui sont sur la terre sont ordonnées par Dieu ; il est donc évident que le démon ment, quand il dit : « Tous les empires m’ont été livrés, et je les donne à qui il me plaît. » Celui qui donne l’existence aux hommes remet le sceptre aux mains des rois, qu’il fait paraître suivant les besoins des temps et des événements. Les uns sont envoyés pour la prospérité des peuples, pour les éclairer et maintenir la justice parmi eux ; les autres, pour les frapper d’effroi et pour les châtier ; d’autres encore, pour produire une fausse illusion de gloire, et pour humilier l’orgueil populaire, suivant que les peuples le méritent par leur conduite. Quant au démon, qui n’est autre qu’un ange rebelle, tout son pouvoir, comme il l’a fait voir dès le commencement de la création, se borne à séduire l’homme, à chasser de son esprit la pensée de Dieu, à le porter à désobéir à sa loi, à obscurcir l’esprit de ceux qui sont disposés à servir Dieu, et à leur faire ainsi oublier leur Créateur pour l’adorer lui-même.

Le démon en a agi à l’égard de Dieu, comme un homme ferait à l’égard de son prince contre lequel il s’insurgerait, jetant le trouble dans ses états par la trahison, et abusant de la crédulité de ses sujets pour usurper le titre du roi légitime, parce qu’il n’est qu’un apostat et un usurpateur : telle a été la conduite du démon, qui était un des anges à qui le gouvernement des régions supérieures avait été confié, comme nous le dit saint Paul dans son épître aux Éphésiens : sa jalousie contre l’homme le fit tomber dans la révolte envers Dieu ; car l’envie nous sépare de Dieu. Mais comme c’est à l’occasion de l’homme que sa rébellion s’est manifestée, et que la sentence de sa condamnation a été prononcée, le démon est devenu de plus en plus acharné contre lui, jaloux de son existence sur la terre, et il a redoublé d’efforts pour le rendre complice de sa propre révolte. Or, c’est par l’homme que le Verbe, qui