Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 1.djvu/136

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gnificence de votre hospitalité, et ne vous estimait heureux de connaître la vérité d’une manière si parfaite et si certaine[1] !

Vous faisiez tout sans acception de personne ; vous marchiez dans les voies du Seigneur, soumis à vos pasteurs, et rendant à vos vieillards un juste tribut d’hommages ; vous inspiriez à la jeunesse des sentiments honnêtes et vertueux ; vous recommandiez aux femmes d’agir en tout avec une conscience pure, chaste, irréprochable ; de porter à leurs maris toute l’affection qui leur est due ; enfin, vous leur appreniez, dans la dépendance où la loi de Dieu les a placées, à faire régner la décence dans leurs maisons, la modestie dans toute leur conduite.

Humbles de cœur, exempts de tout orgueil, soumis plutôt que dominateurs, plus portés à donner qu’à recevoir, vous saviez vous contenter de ce que Dieu nous accorde pour le voyage de cette vie ; vous prêtiez l’oreille la plus attentive à sa parole ; vous élargissiez vos cœurs pour la recevoir ; l’image de ses souffrances était sans cesse sous vos yeux. Alors vous jouissiez d’une paix profonde, honorable ; vous éprouviez un désir insatiable de bonnes œuvres ; l’abondance des dons de l’Esprit saint se répandait sur tous ; remplis d’un zèle saint et d’une pieuse ardeur, vous éleviez vos mains vers le Tout-Puissant avec une tendre confiance, le suppliant de vous pardonner s’il vous échappait quelques fautes involontaires.

  1. Qui reconnaîtrait, dans cette description de l’Église de Corinthe, les mœurs de cette ville naguère si dissolue et maintenant tout angélique ? Qu’on rapproche saint Clément de tout ce qui s’écrivait alors, et l’on jugera de quel abîme de corruption Jésus-Christ a retiré le genre humain. On voit les mœurs de ce siècle dans Horace, dans Juvénal, dans Martial, dans Pétrone. Les infamies dont ces auteurs sont remplis se disaient et s’écrivaient publiquement, parce que l’on ne se cachait pas pour les commettre. Il semble que la Providence ait conservé tous ces livres, d’ailleurs si pernicieux, pour que l’on comprenne mieux le bienfait du Christianisme. On voit les mêmes abominations dans Suétone, dans les auteurs de l’histoire d’Auguste qui décrivent les deux siècles suivants, dans Lucien, dans Apulée, dans Athénée. Les Pères mêmes de l’Église ont été obligés d’en parler assez ouvertement, entr’autres saint Justin, saint Clément d’Alexandrie, Tertullien.