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que toujours aussi les armes à la main ; il triompha des Sarmates, des Roxelans, des Alains, des Massagètes, des Ibériens et des Juifs. Ces derniers appelaient alors sur eux l’attention publique.

Le contraste des mœurs des Chrétiens avec les mœurs des Romains n’est pas le seul en effet qui dût frapper les esprits. Les Juifs, abandonnés par l’esprit de Dieu, se révoltaient sans motif et sans prudence, et attiraient sur eux des châtiments terribles. Ils étaient opprimés, mais ils méritaient leur sort, tandis qu’on ne pouvait rien reprocher aux Chrétiens exposés aux mêmes persécutions. Aussi, pendant que les Juifs se faisaient remarquer par leur fureur, les Chrétiens se faisaient reconnaître à leur patience. Les malheurs qui arrivaient aux Juifs et leurs révoltes continuelles à cette époque encore prouvent qu’ils attendaient le Messie, puisque le premier imposteur avait le pouvoir de les soulever ; et d’un autre côté comment expliquer, sans le crime du déicide, les désastres qui pesaient sur eux, puisqu’ils n’avaient jamais été plus éloignés de l’idolâtrie et plus fidèles observateurs de leur loi ? Pendant quelques années, convaincus que le temple allait être relevé, quelques prêtres juifs se cachèrent dans Jérusalem. Le chef du collége des prêtres de la Palestine fut alors le patriarche des Juifs dispersés. Mais Dieu détruisit bientôt cette dernière illusion. Trajan, avant sa mort, fit marcher des troupes contre la Judée, et Adrien, qui lui succéda, appela contre eux Jules-Sévère de la Grande-Bretagne. Le chef de la révolte était Barcochébas (fils de l’Étoile), qui se prétendait le Messie. Les Romains détruisirent cinquante forteresses et neuf cent quatre-vingt-cinq bourgades. Cinq cent quatre-vingt mille hommes furent tués, le reste vendu et transporté en Égypte, et la Judée réduite en solitude. Depuis ce temps-là, il fut défendu aux Juifs d’entrer à Jérusalem et même de la regarder de loin. La ville se nomma Ælia, d’un nom d’Adrien ; sur une des portes, on mit un pourceau de marbre, animal immonde chez cette nation ; et comme Adrien détestait autant les Chrétiens que les Juifs, il fit placer une idole de Jupiter à l’endroit même où