cette Église, et à vous si étroitement unis, selon la chair et l’esprit, en la pratique de tous ses commandements ; à vous remplis de sa grâce reçue sans mesure ; à vous purs de toute erreur étrangère : salut et bénédictions saintes et abondantes en Jésus-Christ, notre Seigneur et notre Dieu[1].
Enfin, à force de prières, j’ai obtenu du Seigneur le bonheur de vous voir, vous si dignes de le voir lui-même. C’était-là l’objet de tous mes vœux. Les chaînes que je porte pour le nom de Jésus-Christ me font espérer que bientôt je pourrai vous embrasser, si toutefois c’est la volonté du Seigneur que j’arrive au terme de la carrière.
Le début m’a bien réussi. Serai-je assez heureux maintenant pour obtenir qu’aucun obstacle ne vienne m’empêcher de saisir mon héritage ? Mais je redoute votre affection pour moi ; je crains qu’elle ne me nuise ; car il vous serait facile d’arriver à votre but. Mais moi pourrai-je jamais arriver à mon Dieu, si votre tendresse ne m’épargne aujourd’hui !
Je ne veux point voir en vous cet amour pour l’homme, ne songez plus qu’à plaire à Dieu, ainsi que vous l’avez toujours fait.
Non, jamais nous n’aurons une occasion aussi favorable, moi de m’emparer de lui, vous d’encourager une plus belle action. Si vous gardez le silence je suis à Dieu. Mais si en
- ↑ Ce n’est pas sans raison que Dieu a choisi Rome pour y fonder l’Église principale. Les Romains étaient encore ce qu’il y avait de plus grand dans le monde. L’habitude du commandement avait élevé leur âme, et à l’époque où les apôtres y arrivèrent, malgré la corruption, ils avaient encore de la magnanimité, de la fermeté, et plusieurs autres de ces vertus qui avaient tant éclaté dans leurs ancêtres. Saint Corneille, le premier des Romains qui reçut la grâce de l’Évangile, était un capitaine romain. On voit la générosité romaine dans plusieurs illustres martyrs, comme saint Laurent, saint Vincent, saint Sébastien. L’humilité chrétienne, ayant corrigé la fierté des Romains et l’orgueil des philosophes, en fit de véritables sages. Lorsqu’ils eurent compris par la foi le but où ils devaient tendre, ils n’eurent plus que des idées élevées.