Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 1.djvu/36

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mais elle s’est trompé auparavant, et cela suffit pour qu’elle conclue, quand elle voudra raisonner, qu’elle est une fausse Église, car la vraie Église n’est ni une Église qui se trompe, ni une Église qui s’est trompée. Quand donc les Grecs seront assez avancés pour tirer toutes les conséquences de leur schisme, ou ces conséquences les ramèneront à l’unité catholique, ou elles les précipiteront dans l’incrédulité. Point de milieu, pour ceux qui raisonnent, entre le catholicisme et l’incrédulité.

Non, point de milieu, pour les esprits conséquents, entre le catholicisme et l’incrédulité. On va le voir par l’expérience.

Au 16e siècle, un nouveau principe fut proclamé en opposition au principe catholique par Luther et Calvin, les deux plus grands hérésiarques qui aient troublé l’Église. Ils dirent que nulle autorité vivante ne doit être invoquée pour la décision des controverses religieuses ; qu’il est honteux et dégradant pour l’homme de se laisser imposer la foi par des hommes, et que l’Église romaine, qui prétend être crue sur sa parole, et sans permettre le libre examen de ce qu’elle commande de croire, est une Église qui s’oppose au progrès des intelligences et les asservit sous son joug intolérable. Ils dirent qu’en matière de science, il n’y a qu’une seule lumière à consulter, un seul guide à suivre, la raison ; que chaque particulier est juge compétent de la doctrine et légitime interprète de l’Écriture-Sainte ; que chaque particulier a le droit de donner à l’Écriture-Sainte le sens qui satisfait sa raison et de rejeter celui qui ne la satisfait pas ; enfin, qu’en religion comme en philosophie, on doit admettre comme vrai ce que l’on conçoit, rejeter comme faux ce que l’on ne comprend pas.

Ce principe, comme une étincelle, embrasa les esprits auxquels la renaissance des lettres venait d’imprimer un essor inattendu, et qui, sortis depuis peu de l’ignorance, déjà s’enflaient d’orgueil. Ce principe reçut un très-grand développement ; mais il ne reçut pas tout le développement dont il était susceptible. La preuve de son développement c’est qu’il fit naître, partout où il se répandit, d’innombrables sectes divisées les unes des autres sur d’innombrables points, mais formant ensemble une