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encore et enseigne publiquement qu’il existe un Dieu supérieur à celui qui a fait ce monde. Il prétend même le connaître. L’impression qu’il fit sur les esprits à la faveur du démon fut telle, qu’il les porta aux plus horribles blasphèmes. Ils osèrent dire que le père de Jésus-Christ n’était pas le créateur du monde, qu’il existait un autre Dieu plus puissant, auteur de plus grandes merveilles.

Tous ceux qui composent ces différentes sectes portent aussi le nom de Chrétiens, comme vous appelez vous-mêmes philosophes ceux dont les opinions et les systèmes n’ont rien de commun avec la saine philosophie. Ces hérétiques se portent-ils aux crimes affreux qu’on leur impute, comme de renverser un flambeau pour se livrer pêle-mêle dans l’ombre à de monstrueuses débauches, de faire des repas de chair humaine ? Je n’en sais rien. Mais ce qui nous est bien connu, c’est qu’ils ne sont ni persécutés, ni égorgés pour leurs opinions.

Nous avons composé un ouvrage sur toutes les hérésies qui ont paru jusqu’alors : nous pourrions vous le communiquer, si vous désiriez le connaître.

XXVII. Pour nous, nous craignons tellement de blesser la justice et l’humanité, que nous regardons comme les plus coupables d’entre les hommes ceux qui vont exposer sur la voie publique les enfants qui viennent de naître. Et que deviennent ces infortunés ? N’importe le sexe, ils sont presque tous livrés à la prostitution. Autrefois on nourrissait d’immenses troupeaux de boucs, de chèvres, de brebis, de chevaux ; aujourd’hui ce sont, si je puis ainsi parler, des troupeaux d’enfants qu’on nourrit pour les faire servir à d’infâmes usages. Vous trouvez encore chez tous les peuples une multitude d’hommes et de femmes d’un sexe équivoque et de la plus dégoûtante immoralité. Vous trafiquez de leurs crimes, vous établissez sur eux des impôts, des revenus, quand il faudrait les chasser du monde entier. Sans parler de tout ce qu’il y a d’infâme, de dégradant dans ces monstrueuses voluptés qui font frémir la nature, ne s’expose-t-on pas, pour comble d’horreur, à s’y abandonner avec un parent, un frère, un fils ? Il y en a même qui prostituent leurs